(Dé)connexion des enfants aux jeux africains : Les parents et éducateurs vivement interpelés

Article : (Dé)connexion des enfants aux jeux africains : Les parents et éducateurs  vivement interpelés
Crédit: Pratique du pousse-pion pendant les ateliers lecture plaisir à l'AFC de Dschang / Crédit photos : Ange Choumele
9 août 2022

(Dé)connexion des enfants aux jeux africains : Les parents et éducateurs vivement interpelés

Depuis l’avènement des multiples jeux vidéo, les enfants se sont progressivement déconnectés des jeux africains. Les parents, éducateurs et responsables des maisons de jeunes devraient en prendre conscience. En outre, l’avènement d’internet n’a fait qu’accentuer la dépendance au numérique.  Ainsi, Il est question à travers les ateliers lecture plaisir à l’Alliance Franco-Camerounaise de Dschang de remettre au goût du jour ces jeux, pour essayer de reconnecter les enfants africains à leurs réalités propres.

Remettre à jour les jeux africains pour enfants

Selon un proverbe africain, « il faut tout un village pour élever un enfant ». Imprégnées de cette maxime profonde, les familles africaines d’antan avaient développé des stratégies collectivistes pour l’éducation des tout-petits. En effet, un enfant pouvait passer de famille en famille sans difficulté. Déjà, le côté ludique était véritablement pris en compte dans ce processus de formation. A travers des jeux, les enfants renforcent des compétences, notamment le travail en équipe, la solidarité et le vivre ensemble pour ne citer que ces aptitudes.  Or, avec le vent de la mondialisation, l’acculturation a pris des proportions difficiles à contrôler.  L’un des exemples de cette réalité est la disparition lente et progressive de certains jeux africains qui au-delà du ludique sont véritablement éducatifs. Par conséquent, l’Alliance Franco-Camerounaise et l’Association Muna Kalati ont décidé de mettre un point d’honneur sur ces jeux. 

La culture des exercices physiques, inculquée à travers un jeu africain: cas de la cheville

Pratique de la cheville Alliance Franco-Camerounaise de Dschang / Crédits photo: Ange Choumele

A travers les générations, les enfants se retrouvaient entre eux pour passer des moments ludo-éducatifs en pratiquant la cheville. Dans la pratique, on sectionne généralement du caoutchouc sur des roues de voiture pour fabriquer une corde. De plus, cette corde est nouée de façon à former un grand cercle. Ensuite, deux personnes y entrent pour la maintenir tendue. Après quoi une troisième personne, le joueur ou la joueuse se lance et le jeu peut commencer. Déjà, il est impérieux de rappeler qu’il existe différentes variétés. Premièrement, à un stade basique, on peut citer la simple « cheville de piétiné ».  En second lieu, à  un niveau plus élevé, il y a « Cousin et cousine ». Cette deuxième variété selon Adrienne Nguemela, animatrice de jeunesse, monitrice lors des ateliers lectures plaisir à l’Alliance Franco-Camerounaise de Dschang « permet à l’enfant de sauter, de brûler des calories. » Les enfants qui n’avaient jamais pratiqué ce jeu parce que enchaînés par les tentacules du numérique et des écrans, voudront peu ou prou le répéter une fois à la maison. Avec de la pratique, ils pourront davantage le pérenniser.   

Travailler la vigilance et la vision à travers un jeu africain : le cas du Ndoshi

Le Ndoshi est un autre jeu dont la pratique est de moins en moins régulière dans les rues. Pour jouer, il faut  au préalable fabriquer une balle avec des chaussettes. Déjà, il existe des petites balles sur le marché ayant la dimension d’une grosse orange qui peuvent être utilisées. En réalité, l’objectif de celui qui est au milieu est d’exécuter une série de tâches (classer les babouches, sauter dessus etc…). Simultanément, ce dernier doit éviter d’être touché par la balle qui est lancée à tour de rôle par les deux personnes placées de part et d’autre de la cible. S’il est habile, il peut essayer d’attraper la balle et la jeter le plus loin possible, ce qui lui permet d’avoir un peu de temps pour ranger les babouches. En fait, c’est juste un petit moment de répit après des exercices intenses. Une fois que les lanceurs retrouvent la balle, c’est le retour à la case de départ. Sachons que ce jeu en lui-même  permet de forger certaines aptitudes. A ce propos, l’enfant travaille concomitamment la vigilance, la planification et la vision.

Le jeu de pousse-pion: pour un éveil de l’équilibre et de la stratégie chez l’enfant

Pratique du pousse-pion pendant les ateliers lecture plaisir à l’AFC de Dschang / Crédit photos : Ange Choumele

C’est un jeu qui demande un certain équilibre. Il faudrait savoir qu’il existe  celui de 06, 08 et de 12 cases. Pour le jouer, il faut au préalable tracer la figure sur le sol. L’une des difficultés est  la suspension d’un pied pendant que l’autre s’active à pousser le pion. Il faut aussi éviter que le pied resté au sol ne touche la ligne. L’enfant, en pratiquant, travaille l’équilibre et la stratégie. Avant toute poussée, il est important d’évaluer la position du pied et l’endroit exact où le pratiquant voudrait envoyer le pion. Les enfants pendant les ateliers lectures plaisir se sont particulièrement délectés de ce jeu. Au regard de ce qui précède, il faudrait dès lors réfléchir sur les stratégies pour les pérenniser et même les ressusciter chez les enfants de plus en plus accros aux jeux vidéo.

Au regard de la nécessité de mettre un point d’ancrage sur ces jeux, on ne saurait faire fi du rôle des parents. Étant les premiers éducateurs des enfants, ils doivent créer un cadre favorable. Aussi, ils pourraient faciliter leur pratique en octroyant la permission aux enfants.  Ce n’est qu’à ce titre qu’on observera un regain d’intérêt non seulement pour ces jeux  décrits plus haut mais aussi pour bien d’autres.   

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Commentaires

Fouda Fabrice
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Super article. J'aurais aimé connaître les origines de ces jeux. Ça aurait été encore plus intéressant...

Hermann Labou
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Hello merci pour tes remarques mon frère. ça aidera à mener d'autres recherches.

ONGONO
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Une belle nostalgie de ces jeux 🙂
Merci pour cet article.

Hermann Labou
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Merci à toi . ça nous rappelle le bon vieux temps

Mamouna
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L'article que je viens de lire est intéressantà bien des égards. D'abord parce qu'il pointe un problème majeur lie à l'éducation des enfants. Ensuite, en ce qu'il dit les insuffisances de la mondialisation. Enfin, dans la mésure où il propose des solutions au problème.
L'Europe et l'Afrique ne sont guère des soeurs ennemies. Chacune d'elles pouvant contribuer à l'éducation de chaque enfant du monde, nous ferions mieux de sortir des discours alimentant cet affrontement basique.

Hermann Labou
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Hello Mamouna, merci pour ton retour. Pour être tout à fait sincère, je n'avais pas perçu cet aspect que tu évoques. Je suis tout à fait d'accord, les approches africaines et occidentales de l'éducation peuvent se compléter. Il suffit juste de trouver le bon équilibre.